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Histoire de mon territoire

Publié le 21-06-2016

Avignon, un maire modèle et moderne : Guillaume Puy

Tous les avignonnais connaissent la rue Guillaume Puy. Mais connaissez-vous Guillaume Puy ? Un personnage hors norme, visionnaire, qui a su transformer Avignon (commerce, éducation, urbanisme...) lorsqu’il a été Maire de la ville à 3 reprises…

Le " Maire modèle " 

Né en 1751 à Avignon et décédé en 1820 à Sauveterre, il appartient à une famille enrichie par l’exercice de la pharmacie et anoblie alors qu’Avignon est encore un territoire pontifical. Après des études au collège des jésuites d’Avignon, il s’engage à 20 ans sous la bannière des rois de France et devient capitaine des Dragons du régiment Bauffremont, régiment de cavalerie. Il démissionne en 1789, à l’âge de 38 ans. Il ne prend pas part aux premières années de la Révolution, contrairement à son frère qui est guillotiné. En 1794, il devient trésorier de la ville d’Avignon. Considéré comme un homme modéré et énergique, les Conventionnels le sollicite pour pacifier le département en proie à l’anarchie et soulager la misère après le dur hiver 1794-1795.

Il est maire d’Avignon de mars à octobre 1795. Il quitte son poste en octobre de la même année en vertu d’une loi qui interdit à tout parent d’immigré d’exercer un mandat public. Après plusieurs sollicitations, il accepte à nouveau d’être maire après le 18 Brumaire de l’an VIII, de 1800 à novembre 1806 où il démissionne en raison d’un différend  avec le préfet. Il est de nouveau nommé en 1811, poste qu’il quitte volontairement en 1815. En 3 mandats, il a été maire pendant 11 ans et 3 mois. Enfin, il siège à l’Assemblée Nationale du 11 septembre 1819 au 8 décembre 1819.

Napoléon le qualifiait de « Maire modèle ». Le préfet Saint-Chamans écrivit à son sujet, à son ministre de l’Intérieur : « Il n’est et ne sera jamais l’homme du gouvernement, c’est l’homme de la ville, il ne tenait pas à Bonaparte, il ne tient pas au roi, il ne voit que le bien d’Avignon ». Il est décoré de la Croix de Saint Louis et de la Légion d’honneur.

Le Maire moderne

Il ne recherche pas les honneurs de la France. C’est un homme humaniste qui œuvre uniquement pour le bien-être  des avignonnais. Pour cela, il s’efforce de doter la ville de moyens propres à développer son économie, à sortir la ville du marasme postrévolutionnaire, à faire d’Avignon un lieu d’échanges. Ses actions touchent différents domaines, encore d’actualité : 

- Les Finances : Lancement d’un emprunt de 300 000 francs remboursable au taux de 4 % en 6 mois, afin de pallier le manque de grain dont souffre Avignon ; emprunt garanti par sa fortune personnelle, ainsi que sur celle de certains de ses collègues (1795).

- La Démographie : Création d’une Succursale des Invalides dans les 3 trois ensembles que constituent les couvents Saint-Louis, Saint-Charles et des Célestins (1801) pour faire venir quelques 2 000 habitants (invalides de guerre avec leur famille) dans une ville en sommeil qui avait perdu 10% de sa population en raison du déclin de l’industrie de la soie (30 000 habitants).


- Les Affaires Sociales : Création de la "Condition publique des soies" (1801). Le Mont de Piété, le 1er en France, créé en 1610 dans la rue de Carreterie, est ruiné par la Révolution. Il assure des prêts sur gage aux populations les plus défavorisées. Il lui est alors associé une "Condition des soies" qui permet de poursuivre l’œuvre de charité et trouver de nouvelles ressources. Le bâtiment abrite les actuelles "Archives Municipales". Il fait aussi construire une institution d’assistance et de secours, un bureau de bienfaisance (1800) et un bureau de charité maternelle.

- Les Transports : Construction d'un pont sur le Rhône, face à la porte de l'Oulle, allant jusqu’à Villeneuve les Avignon. Commencé en 1806, le pont en bois sur le Rhône, s’appuyant sur des chevalets, n’est terminé qu'en 1819 ; il est appelé «  Pont Bonaparte ». Il permet de lutter contre l’enclavement d’Avignon et de favoriser le commerce. L'ouvrage de 889,28 m de longueur totale comportait un pont de quinze travées sur le bras gauche et un autre de trente travées sur le bras droit.

Une chaussée insubmersible de 10 m de large les reliait sur l'île Piot. Il sera détruit quelques années plus tard par les crues et remplacé par un pont suspendu (1843) puis en pierre (1909). Un autre pont est construit à Bonpas, sur la Durance (1804-1808).

- L’Agriculture : Création d'un "Prix en argent" pour le meilleur agriculteur. Création d’un canal de 8 km, que l’on peut toujours voir, pour irriguer 400 ha au sud d’Avignon par une prise d’eau pratiquée sur la Durance venant du quartier St-Gabriel ; il traverse celui de Baigne-Pieds au nord du Centre hospitalier et longe ensuite la Durance jusqu’à Gigognan (1806).

- La Culture : Fondation du Musée Calvet (1811). Création d’une école publique et gratuite de dessin (1801), devenue Ecole des Beaux- Arts puis Ecole Supérieure d'Art d'Avignon.

Assassinat du Maréchal Brune

- La Politique : Médiateur entre le Maréchal Brune (proche de Bonaparte) et des émeutiers royalistes, il ne peut empêcher son assassinat à l'hôtel du Palais Royal, au 21 de l'actuelle place Crillon, (ex place de la Comédie), près de la porte de l'Oulle (1815). Une plaque commémore cet évènement. Il est aussi modérateur face aux mouvements insurrectionnels, il s’efforce d’enréduire les excès et de faire prévaloir l’esprit de conciliation.

- L’Education : Ouverture de 25 écoles subventionnées par la ville, ouverture d’une école secondaire communale et d’un lycée (1810).

- Le Commerce : Rétablissement des foires et des marchés hebdomadaires, création d’une Bourse du commerce dans l’ancienne église St Geniès, rue de la Bonneterie (1801), incitation à l’installation de commerçants par voie publicitaire, création d’une association patriotique pour le soutien du marché d’Avignon. 

- L’Urbanisme : Maire bâtisseur, il commence la rénovation de la ville avec l’élargissement et l’ouverture d’artères et l’agrandissement de places.

- La Santé : Incitation à la propreté et à l’hygiène de la ville, comme proposés par les décrets napoléoniens.

La rue Guillaume Puy

Anciennement rue des Clefs, rue de Puy et rue des Barailliers, elle prend le nom de rue Guillaume Puy en 1891, en mémoire du Maire modèle qui a relancé l’économie d’Avignon.

Elle est le résultat d'une percée réalisée en 1881 qui part de la Porte Limbert et se continue jusqu'à la rue Carreterie. Les travaux s'étalèrent sur vingt ans (4 municipalités successives). On y trouve des monuments : la porte Limbert, le Théâtre des Hivernales (n°18), le Théâtre du Balcon (n°39), la maison de Jules Pernod, fondateur de l’apéritif anisé (n°77).

La fontaine avec le buste de Guillaume-Puy (place Pasteur) inauguré en 1894, fondu pendant la 2ème guerre mondiale et remis en place à l’identique en 1989.

Sources

fr.wikipedia.org
www.biusante.parisdescartes.fr
www.avignon-et-provence.com
Les maires en France : XIX-XXème siècle. André CHANDEMAGOR
http://dossiersinventaire.regionpaca.fr/gertrude-diffusion/dossier/pont-de-bois-d-avignon-dit-aussi-pont-de-chevalets-ou-pont-bonaparte/f055ae21-eb12-493e-98c6-2c0445e8b0c1
http://napoleon1er.perso.neuf.fr/marechal-brune.html
http://cavaliers.blindes.free.fr/profils/brune.html
http://www.conditiondessoies.com/theatre/histoire